La fonderie et Piwi

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Par : piwi
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jeudi 12 Nov, 2020
Catégorie : Selon la presse

On cherche toujours le chevalier blanc qui sauvera la fonderie française.

L’Usine Nouvelle –

L’avenir chinois de la fonderie Le Bélier

En rachetant le champion français de la fonderie aluminium, le groupe chinois Wencan s’ouvre à des technologies complémentaires aux siennes.*

L’avenir chinois de la fonderie Le BélierMalgré la crise de l’automobile et de l’aéronautique,

Le Bélier et son acquéreur estiment pérenne le marché des pièces produites à Vérac (Gironde). © D.R.

L’affaire est passée relativement inaperçue. En plein cœur de l’été, le groupe de fonderie Le Bélier est passé sous pavillon chinois. Installé à Vérac (Gironde) depuis 1961, le groupe a longtemps été un emblème de l’industrie locale.

Spécialiste de rang mondial du moulage de pièces de freinage en aluminium pour l’automobile, Le Bélier bénéficiait aussi de la renommée de son dirigeant et principal actionnaire, au travers d’un fonds familial, Philippe Galland. Un industriel connu du grand public pour sa carrière de réalisateur de plusieurs films à succès, notamment Le quart d’heure américain et Le mariage du siècle.

Annoncée l’hiver dernier, l’affaire a été conclue le 28 juillet, quand le groupe chinois Wencan a fait connaître le succès de son opération de rachat d’une part majoritaire (61%) de l’entreprise. Philippe Galland perd la présidence du groupe, remplacé par Jiexiong Tang. L’affaire ne s’arrêtera pas là. Wencan a annoncé sa volonté de racheter l’ensemble des parts de l’entreprise girondine et doit débuter une OPA. Le total de l’opération devrait se chiffrer à 251 millions d’euros.

Le savoir-faire français valorisé

Le fondeur, très internationalisé, ne compte plus, en 2019, que 220 salariés en France, sur son site historique de Vérac, mais, à l’heure où les appels à la relocalisation se multiplient, le rachat de ce « champion caché » français interpelle. L’actionnaire historique, la famille Galland, souhaitait se désengager du groupe. Mais pourquoi vendre à Wencan ?

En deux ans et demi de négociations, Le Bélier a « rencontré presque exclusivement des acteurs chinois », dévoile Philippe Dizier, directeur général du groupe jusqu’au 28 août, resté au conseil d’administration. « C’est une belle opération », commente Éric Espérance, consultant pour Roland Berger et auteur d’une étude sur la fonderie française dans l’automobile pour la Plateforme de la filière automobile lire ci-dessous.

« Même si Le Bélier a surtout des usines dans les pays de l’est de l’Europe, le savoir-faire français est valorisé et cela permet à Wencan d’avoir un pied en Europe. Le Bélier y gagne les capitaux nécessaires pour tenir dans la longueur en fonderie, car l’appareil industriel nécessite des investissements constants », résume-t-il.

Synergies géographiques et technologiques

Les deux entreprises ne devraient pourtant pas se réunir tout de suite sous le même logo. « Le Bélier reste une compagnie à part entière, avec un management propre », explique Philippe Dizier. L’objectif ? Développer des synergies, chaque acteur bénéficiant des technologies, des installations et de la réputation de l’autre.

« Nos usines sont pour la plupart dans des régions du monde d’où Wencan est absent. Elles ont toutes leur propre vocation et le niveau de performance requis », assure l’ancien directeur général. Présent sur trois continents, notamment en Chine et au Mexique, Le Bélier a réalisé 319,5 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2019, avec un peu plus de 3 500 salariés.

Installé à ­Foshan, dans le sud de la Chine, et mené par un actionnariat familial, avec 210 millions d’euros de chiffre d’affaires et 2 500 salariés en 2018, Wencan était jusqu’alors absent de l’international. L’usine du Bélier à Santiago de Querétaro (Mexique) pourrait par exemple l’aider à répondre à la demande de Tesla, l’un de ses principaux clients.

Autre synergie : les deux groupes pourront bénéficier de technologies complémentaires. Leur rapprochement devrait leur permettre de combiner les deux procédés de fonderie les plus répandus pour l’aluminium : la fonderie coquille par gravité, dont le groupe girondin est spécialiste, et la fonderie sous pression, maîtrisée par le groupe chinois.

Chiffre d’affaires en baisse de 10%

Touché par la crise automobile, Le Bélier a bouclé son exercice 2019 avec un chiffre d’affaires en baisse de 10% par rapport à l’année précédente. Mais le groupe reste solide. Il a connu une croissance permanente entre 2010 et 2018, positionné sur une niche très porteuse.

Spécialiste de l’aluminium, l’entreprise travaille principalement pour l’automobile, avec une spécialisation sur trois lignes de produits, le freinage, les pièces de suralimentation et les pièces de châssis. « Ces produits, notamment les pièces de freinage et de châssis, ont un avenir pérenne, indique Philippe Dizier. L’aluminium procure l’allégement nécessaire pour réduire les émissions de CO2 des véhicules thermiques et pour renforcer l’autonomie aux véhicules électriques. »

L’usine française du groupe, à Vérac, pourrait connaître des difficultés, indépendantes du rachat. « C’est un site de petites et moyennes séries, spécialisé dans l’aéronautique, un marché en grosse difficulté. Cependant le projet présenté par Wencan a vocation à maintenir l’activité et le marché devrait être porteur à terme. L’usine fabrique aussi des prototypes utiles dans le cadre des grandes séries automobiles », détaille l’ex-directeur général. Autre source de confiance, l’entrepreneuriat à la tête de Wencan, « une famille d’industriels, qui connaît le métier », affirme Philippe Dizier.

« Pour continuer à exister, il est difficile de rester seul »

Que sait-on de Wencan ?

Wencan a démontré qu’il était un acteur sérieux dans l’automobile et qu’il avait une réelle stratégie industrielle, en jouant notamment sur la complémentarité géographique et technologique avec Le Bélier. Il ne s’agit pas d’un Hangzhou Jinjiang, qui n’a pas tenu ses promesses face à la fonderie FVM et à SAM Technologies, par exemple.

Il était impossible, pour Le Bélier, de continuer seul ?

La fonderie est un métier très dur, avec des retours sur investissement longs. D’autres groupes équivalents en taille, comme GMD et les Fonderies Saint-Jean, perdurent en France, mais ils doivent lutter contre des géants internationaux. Pour continuer à exister, il est difficile de rester seul. Mais pour mener une consolidation il faut s’armer de courage.

Ce rachat est-il une mauvaise nouvelle ?

C’est une belle opération, qui valorise le savoir-faire français. À l’encontre d’une consolidation de la fonderie française, laisser partir Montupet racheté par Linamar en 2016, ndlr était une première erreur. Le Bélier est la seconde. Il est difficile de pointer quelqu’un du doigt. Le gouvernement offre des véhicules d’investissement, mais encore faut-il qu’un industriel s’en empare. On cherche toujours le chevalier blanc qui sauvera la fonderie française.

Zone de commentaire !

5 commentaires pour : "On cherche toujours le chevalier blanc qui sauvera la fonderie française."

  1. Et cela continue, pourquoi pas ???

    L’industrie en France ne sera bientôt plus française !

    Bravo à nos énarques incompétants.

    Arnault Montebourg ne l’était pas,

    il a été écoeuré et remercié et maintenabt il crée des entreprises bien françaises et

    je suis sûr qu’il n’est pas prêt à les céder à des étrangers.

  2. Phénomène général touchant toute l’économie française, et ce depuis bien longtemps.

    « Après la mort du général de Gaulle, il ne fut plus question de grandeur.

    Le Général avait dit que le peuple avait choisi d’être un petit peuple, il eut donc de petits gouvernants ». (Michel Onfray).

  3. Monsieur Bernard,
    La Fonderie Loiselet de Dreux en 1996 a fermée et délocalisée en Pologne en laissant 60 à 70 personnes sur le trottoir.

    En 2003 il délocalise la Fonderie vers la Chine pour gagner plus d’argent sans se soucier des Français qu’il avait laissé sur place sans emploi.

    En 2013,la Fonderie Loiselet ferme son usine Chinoise et rapatrie sa production en France soutenue par les pouvoirs publics, mais le Ministre Montebourg n’a plus voulu mettre de l’argent dans la Fonderie Loiselet car il avait délocalisé sa Fonderie en 1996.

    En 2016 dépôt de bilan obligé de vendre tout le matériel neuf, qui a été bradé.

    J’ai vu sur Piwi qui est mon bréviaire la fonderie Loiselet avec toutes ces machines modernes.

    Comme nous disons souvent qui sème le vent récolte la tempête !!!

  4. ATTENTION à ce rachat par un groupe chinois. Nous venons à FVM de vivre une reprise catastrophique par JINJIANG qui après 18 mois, nous a remis en RJ. Tout ce qui était prévu dans le plan de reprise, validé par le tribunal, rien de réalisé, aucun investissement alors qu’ils ont de l’argent. Le comble c’est qu’actuellement en RJ, ils nous « taxent » un loyer, jamais demandé jusqu’alors par la filiale JINJIANG Immobilier.
    Il est vrai qu’avec le diesel-gate, RENAULT n’a pas respecté son CA prévu et aurait du favoriser notre reprise par LINAMAR et n’ont pas d’autre choix que de nous soutenir….aujourd’hui

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