La fonderie et Piwi

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Par : piwi
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vendredi 07 Jan, 2022
Catégorie : Economie

Ces dossiers d’entreprises en difficulté qui risquent de parasiter la présidentielle

LES ECHOS –

Plusieurs sites industriels emblématiques sont en quête d’un repreneur. Les dossiers en suspens sont nombreux chez les sous-traitants automobiles, un secteur durement touché par la crise.

Le site Ferropem de Château-Feuillet le 9 décembre, jour de la visite de la candidate LR Valérie Pécresse. Comme Yannick Jadot ou Anne Hidalgo, les politiques ont fait de l’usine un nouveau Florange.

Début d’année à hauts risques pour le gouvernement. Le spectre d’un nouveau Florange ou d’un nouveau Whirlpool qui avaient percuté les campagnes présidentielles de 2012 et 2017 plane toujours. A l’approche de l’élection , Bercy tente de trouver des solutions pour plusieurs dossiers d’entreprises en difficulté, après une année 2021 qui s’était terminée par la fermeture retentissante de la fonderie SAM dans l’Aveyron et la confirmation en appel de la liquidation de la fonderie MBF Aluminium dans le Jura.

En Savoie, branle-bas de combat pour l’usine de silicium de Ferropem

Pour les candidats à l’Elysée, c’est quasiment une étape obligée. De Yannick Jadot à Valérie Pécresse en passant par Anne Hidalgo, ils se bousculent sur le site de production de silicium de Ferropem à La Léchère (Savoie), que son propriétaire, le groupe hispano-américain Ferroglobe a décidé de fermer. « Nous voulons devenir le Florange de la présidentielle ! », espère le délégué FO de l’entreprise, Roger Roelandts.

A Bercy, on indique travaille d’arrache-pied pour finaliser la reprise du site de Château-Feuillet. Le cabinet d’Agnès Pannier-Runacher fait état de trois ou quatre « marques d’intérêts » avancées. Mais les discussions menées par Business France au niveau international et les services de l’Etat sont complexes en raison des transformations du site industriel qui pourrait ne pas continuer à produire du silicium mais d’autres ferro-alliages, comme le chrome. « La filière du silicium est préservée au niveau national », se félicite en tout cas l’entourage de la ministre alors que des discussions avec Ferroglobe ont permis d’épargner le site des Clavaux en Isère (131 emplois).

En attendant, c’est l’incertitude pour les 221 salariés de Château-Feuillet qui, depuis la mise à l’arrêt de leur usine, le 29 mars dernier, doivent quand même venir pointer. « C’est très difficile, beaucoup ont des problèmes de dépression ou d’alcoolisme », explique Roger Roelandts. Les négociations autour du PSE devraient s’achever fin février, mais il est au minimum, dénonce le syndicaliste.

Ferroglobe a décidé la fermeture du site pour « défaut de compétitivité » en raison de la chute des cours du silicium et de la concurrence chinoise. Mais « ce site est au contraire une mine d’or avec des équipements et un savoir-faire uniques en Europe », affirme Roger Roelandts.

Dans l’Yonne, Bercy tente de sauver Benteler

Le 26 novembre dernier, le cabinet d’Agnès Pannier-Runacher, la ministre déléguée à l’Industrie, avait demandé au sous-traitant automobile Benteler , qui venait d’annoncer la fermeture de son usine de Migennes, dans l’Yonne, d’observer un délai supplémentaire d’un mois pour tenter de trouver un repreneur. Ce site d’emboutissage à chaud de pièces de moteurs et de châssis pour Stellantis, Renault et Volvo, qui emploie 400 salariés, n’était plus rentable. Benteler avait repoussé une offre de reprise de l’investisseur allemand Mutares, que Bercy comptait relancer.

Le 6 janvier, en CSE, direction et salariés ont eu la confirmation qu’aucun dossier de repreneur n’avait été présenté. « Mutares n’a pas réitéré son offre », indique Bercy, qui se résout maintenant à une prospection élargie dans le cadre d’un plan de revitalisation « loi Florange ». Des contacts auraient été pris en ce sens, encore « à un stade très préliminaire », ajoute le ministère. Un point sur ces contacts est prévu fin janvier. Selon une source proche du dossier, une entreprise auxerroise pourrait être intéressée par le site industriel pour une autre activité.

Trois vagues de licenciements se dessinent à partir de juillet 2022 pour une fermeture du site à la fin de l’année.

Moteur enrayé pour les Fonderies du Poitou Alu

Situation préoccupante pour les Fonderies du Poitou alu à Ingrandes-sur-Vienne, près de Châtellerault (Vienne). Les repreneurs ont jusqu’au 10 janvier pour se positionner devant le tribunal de commerce de Paris pour la reprise de cette filiale de GFG Alvance . Trois candidats ont poussé les investigations, tous étrangers, et seul un industriel chinois, le fondeur Huanxang, serait toujours intéressé, mais son dossier n’est pas encore constitué. Ni Bercy, ni les administrateurs judiciaires ne sont optimistes, « on a toujours le spectre de la liquidation au-dessus de nous », commente Jean-Philippe Juin, délégué CGT.

Le paradoxe, c’est que l’usine tourne sept jours sur sept. « Une quarantaine d’intérimaires complète les 285 permanents », précise Jean-Philippe Juin. Renault a financé une nouvelle machine pour la ligne de production des culasses HR 10 qui équipent le moteur 3 cylindres essence des Renault Clio et Mégane. Le Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine s’est engagé à financer une machine pour fabriquer des pièces de moteur électrique.

Sur le même site industriel, la Fonderie Fonte a été liquidée l’été dernier, les 300 salariés ont été licenciés. Dans l’Indre, Alvance Wheels, la dernière usine française de roues de voitures, à Châteauroux, intéresse l’équipementier Saint Jean Industries, qui a reçu un soutien massif des pouvoirs publics et du fonds automobile

L’avenir d’Air Austral entre les mains de l’Etat

Huguette Bello, présidente de la collectivité régionale, en appelle à l’Etat qui est, de loin, le premier créancier d’Air Austral, entre dettes sociales et fiscales, redevances aéronautiques en souffrance et garanties de prêt. Mais ce dernier a d’autres desseins que de maintenir à flot la compagnie « quoi qu’il en coûte ». Le Comité interministériel de restructuration industrielle prône un rapprochement avec Corsair , également en grande difficulté.

Soucieux de préserver l’ancrage local de leur compagnie et ses 860 emplois, les élus réunionnais ne veulent pas d’un « mariage forcé » et préféreraient une recapitalisation par des fonds privés. Mais ces derniers ne viendront que si l’Etat, définitivement maître du jeu, passe un généreux coup d’éponge sur l’ardoise.

La compagnie French Bee du groupe Dubreuil Aéro multiplie pour sa part les appels du pied, estimant son produit « low-cost » complémentaire de l’offre d’Air Austral sur Paris-Réunion. Pour l’heure, sa proposition ne semble pas recevoir une grande écoute.

Caddie en quête d’un repreneur
L’année 2022 commence par la quête d’un repreneur pour l’inventeur du chariot métallique de supermarché. La société Les Ateliers réunis Caddie a été placée en redressement judiciaire le 4 janvier par la chambre commerciale du tribunal judiciaire de Saverne (Bas-Rhin) après s’être déclarée en cessation de paiements la veille. Selon son PDG et actionnaire minoritaire, Stéphane Dedieu, l’entreprise n’a enregistré que 12 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2021 alors que 18 millions lui sont nécessaires pour couvrir ses charges fixes.

Il indiquait le 4 janvier ne pas encore disposer de piste de repreneur. Une nouvelle audience a été fixée le 22 février par le tribunal pour étudier d’éventuelles candidatures. La production doit se poursuivre d’ici là.

Stéphane Dedieu évoque un concours de circonstances pour expliquer la situation de l’entreprise. L’impossibilité de livrer certains clients du fait des fermetures de frontières est le facteur qui a le plus pesé selon lui. En décembre, « des discussions avec un éventuel investisseur n’ont pas abouti », ajoute-t-il.

Conscients des difficultés, les syndicats ne s’attendaient pourtant « pas si vite » à cette situation, relate Luc Strohmenger, délégué de la CFTC, qui s’interroge sur sa gestion. C’est la troisième fois en dix ans que l’entreprise – détenue à 70 % par le polonais Damix – est placée en redressement. Il y a quelques mois, un PSE avait conduit au licenciement d’une quarantaine de personnes.

·A La Souterraine, l’équipementier LSI suscite de nouveau l’inquiétude

En 2017, la lutte des salariés de l’équipementier automobile GM & S pour éviter la fermeture de leur usine de La Souterraine, dans la Creuse, avait défrayé la chronique. Quatre ans après la reprise par le groupe GMD et la suppression de 157 emplois, l’avenir de l’entreprise désormais appelée LSI semble de nouveau incertain.

L’usine avait été abondée par 11 millions d’euros d’aides et de prêts, à parts égales entre Renault, PSA et l’Etat. Des fonds qui ont servi, selon Patrick Brun, délégué CGT, « à boucler les fins d’année. La caisse est vide et nous n’avons aucun marché nouveau. Aujourd’hui, on chôme un à deux jours par semaine. Sur la cataphorèse (peinture) et l’assemblage, ça travaille encore mais sur l’emboutissage, 3 presses sur 14 tournent seulement ».

Si le PDG de l’entreprise, Alain Martineau assure « essayer de bâtir un plan pour sauver l’entreprise », les derniers bilans financiers font grise mine. Le chiffre d’affaires 2021, inférieur à 12 millions d’euros, est plombé par un volume de commandes toujours faible de la part des constructeurs, confrontés à une crise et à une pénurie des semi-conducteurs : 6,6 millions d’euros pour Renault et 3 millions d’euros pour Stellantis en avril 2021, assez loin des promesses de départ. L’absence de nouveaux contrats, la production en petite série et une marge brute insuffisante pour couvrir les charges viennent noircir le tableau.

Les salariés, eux, continuent de croire à un rebond possible : « Nous avons avancé des projets pour des pièces de rechange, de l’assemblage et de la peinture », confie Patrick Brun. « Mais on craint que cette histoire nous emmène jusqu’aux élections et là, on sait que ce sera fichu. On espère y voir plus clair fin janvier », ajoute-t-il. Une table ronde devrait avoir lieu prochainement entre l’entreprise et Bercy.

Les salariés de la Fonderie de Bretagne toujours dans l’expectative
Filiale de Renault Group, la Fonderie de Bretagne est à vendre depuis le mois de mai 2021. En octobre dernier, le constructeur indiquait que des discussions étaient engagées avec « six acquéreurs potentiels, dont trois ont déjà adressé une offre indicative ». Les quelque 365 salariés de cette fonderie qui fabrique dans son site de Caudan (Morbihan) des bras de suspension, des collecteurs et des coudes d’échappement, sont toujours dans l’expectative car aucune reprise n’est encore actée.

Malgré une grève de deux mois qui a paralysé le site, un protocole d’accord a été signé avec les représentants du personnel dans lequel il est stipulé que Renault s’engage à accompagner la Fonderie de Bretagne jusqu’à sa reprise par un acquéreur. Depuis plusieurs années, cette fonderie présente des bilans négatifs. En 2020, elle affichait un chiffre d’affaires de 28 millions d’euros quand ses capitaux propres étaient négatifs à hauteur de 11,7 millions d’euros.

Zone de commentaire !

2 commentaires pour : "Ces dossiers d’entreprises en difficulté qui risquent de parasiter la présidentielle"

  1. Quelle liste et à mon avis cela n’est pas terminé.

    D’ici les élections d’avril d’autres cas risquent malheureusement d’apparaître et que pouvons-nous faire pour enrayer cette inflation ?

    Salarié d’une entreprise qui se porte bien, retraité… : pas grand chose, les dés sont entre les mains des industriels des secteurs concernés souvent aidés par la région, l’état… A eux d’agir vite et bien et au mieux mais la finance est tristement implaquable et elle domine beaucoup les négociations.

    2022 sera une année encore difficile même si certains indicateurs sont au vert et la mobilité territoriale de ceux qui se retrouvent à Pôle Emploi n’est toujours pas à la faveur de ceux qui sont touchés. Ne nous faut-il pas prendre exemple sur certains pays où cela fonctionne assez bien ?

    Personnellement, au cours de ma carrière, j’ai eu 14 employeurs et autant de déménagements et même en retraite, j’ai déménagé 4 fois en un peu plus de 15 ans mais je ne suis pas un modèle à suivre car dans toutes ces périgrinations il y a des ruptures professionnelles mais aussi personnelles.

  2. Je rajouterai dans ce bilan qui risque d’être très mauvais Air France !

    La situation de la compagnie est quasi catastrophique, déjà 7 milliards des deniers publics d’injectés, un très mauvais bilan à venir et tout les jours ce fleuron perd de l’argent.
    Selon Elie Cohen ils ont raté deux modèles économiques: celui des longs courriers où les émirats et les compagnies asiatiques dominent et celui ou Easy Jet leur fait très mal.

    Ce sera une catastrophe nationale mais il ne faut pas oublier le passage à la trappe de certaines compagnies nationales proches de nous.
    D’autre part l’aviation d’affaires à fait tourner le réacteur de l’aéronautique pendant des années, depuis bientôt deux ans tout s’est arrêté et je ne doute pas que les entreprises feront le bilan de l’économie réalisée par la baisse des frais de déplacements, déplacements souvent très discutables.

    J’espère me tromper mais je ne crois pas que cela se terminera comme la SNCF, à suivre . . . . . l’aéronautique à acquis une mauvaise réputation dans la transition écologique.

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