La fonderie et Piwi

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Par : piwi
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mercredi 10 Nov, 2021
Catégorie : Technique

Les sous-marins nucléaires de l’US Navy construits avec de l’acier non conforme pendant 30 ans

Le Figaro avec AFP

Entre 1985 et 2017, la moitié des moules produits par la fonderie de Tacoma ne répondaient pas aux critères fixés par le Pentagone pour résister aux pressions des profondeurs.

Les sous-marins nucléaires de l’US Navy ont été construits avec un matériau non conforme, une ingénieure métallurgiste américaine ayant falsifié pendant 30 ans des tests de résistance d’un acier supposé résister à des pressions intenses en plongée et des températures extrêmes.

Elaine Thomas, 67 ans, a plaidé coupable lundi 8 novembre de fraude majeure devant un tribunal de l’État de Washington, dans le nord-ouest des États-Unis, pour avoir falsifié ces tests afin de dissimuler le fait que l’acier coulé dans sa fonderie ne répondait pas toujours aux critères exigés par l’US Navy, a indiqué le ministère américain de la Justice dans un communiqué. Elle risque 10 ans de prison et un million de dollars d’amende lorsque le juge rendra son verdict en février prochain.

Elaine Thomas, qui fut l’une des premières femmes ingénieures métallurgistes du pays dans les années 1970, supervisait les tests de la fonderie de la société Bradken à Tacoma, dans la banlieue de Seattle. Cette fonderie proche de la grande base de sous-marins de Kitsap est la seule du pays capable de produire de l’acier suffisamment résistant pour répondre aux exigences de l’US Navy, et c’est à elle que s’adressent les grands groupes de défense qui construisent les sous-marins d’attaque américains, comme General Dynamics ou Huntington Ingalls Industries.

À chaque fonte d’acier destiné aux sous-marins, une partie du métal doit être coulée dans un moule-test d’une épaisseur similaire à celle des pièces de la structure du submersible à renforcer pour résister aux pressions énormes des profondeurs. Ce moule-test est ensuite analysé pour s’assurer que chaque production correspond aux stricts critères fixés par le Pentagone. Or, entre 1985 et la mise à la retraite de Elaine Thomas en 2017, la moitié des moules produits par l’usine de Tacoma ne répondaient pas à ces critères et elle a donc amélioré les résultats obtenus en corrigeant les chiffres à la main.


«L’intention d’escroquer l’US Navy»

Dans certains cas, elle a expliqué l’avoir fait parce qu’elle jugeait «stupide» que l’US Navy exige que des tests soient menés à -100 degrés Fahrenheit (-73 degrés Celsius). Dans d’autres, elle a expliqué avoir utilisé son «jugement d’ingénieure», corrigeant un chiffre parce que tous les autres paraissaient bons.

La fraude a été découverte lorsque Elaine Thomas a réduit son activité avant de prendre sa retraite et que ses tests ont été examinés par un stagiaire, qui a alerté la direction de la fonderie. En juin 2020, l’entreprise Bradken a reconnu sa responsabilité et accepté de payer une amende de 11 millions de dollars. Elaine Thomas a «mis en place et utilisé un système avec l’intention d’escroquer l’US Navy», selon l’acte d’accusation. Elle a «falsifié les résultats de plus de 240 productions d’acier, ce qui représente une part substantielle de l’acier que Bradken a produit pour la Navy». Pour sa défense, l’ancienne métallurgiste a affirmé n’avoir «jamais eu l’intention de compromettre l’intégrité du matériel».

Elle s’est dite «satisfaite que les tests du gouvernement ne suggèrent pas que l’intégrité structurelle d’un quelconque sous-marin ait de fait été compromise», selon la défense. Mais selon le ministère de la Justice, l’US Navy «a dû prendre des mesures importantes pour s’assurer de la sécurité des sous-marins affectés».

L’US Navy s’est abstenue de tout commentaire. Entre 1985 et 2017, le Pentagone a pris possession de dizaines de sous-marins, dont une quarantaine sont encore en service.

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2 commentaires pour : "Les sous-marins nucléaires de l’US Navy construits avec de l’acier non conforme pendant 30 ans"

  1. Ces falsifications ont pris place pendant plus de trente ans, entre 1985 et 2017. Ce sont donc au moins 240 fournées de métal qui n’ont pas été testées correctement, et plusieurs dizaines de sous-marins nucléaires qui ont dû être révisés

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