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La marque de voiture Audi ne produira plus de voitures à moteur à combustion d’ici 2033. C’est le constructeur automobile qui l’a annoncé mercredi 23 juin. Quel avenir pour notre industrie automobile française ?

En ce moment, on peut le dire ce n’est pas la joie dans le secteur de l’automobile de manière générale, mais particulièrement en France. Les réductions d’effectifs et les licenciements se multiplient ces derniers temps. Dernier exemple en date, celui de la liquidation de la fonderie automobile MBF de Saint-Claude, dans le Jura : 270 emplois ont été supprimés. L'usine fabriquait jusque-là des carter de moteurs et des pièces de boîtes de vitesses.



En Bretagne, à Caudan, dans le Morbihan, c'est l'avenir des Fonderies de Bretagne qui reste menacé. Les salariés se sont mis en grève et les discussions avec Renault, elles, se poursuivent. Et selon une étude du cabinet Roland Berger, jusqu'à 5.000 emplois seraient menacés d'ici 2025. Mardi encore, des ouvriers de Renault et Stellantis ont manifesté à Flins, dans les Yvelines, et à Sochaux, dans le Doubs.

L'état du marché aujourd'hui va plutôt mal

En mai, il y a eu une baisse des ventes de 27 % par rapport à mai 2019, avant la crise de la Covid. Et les marques françaises s'en sortent moins bien que les autres. Renault, par exemple, est en baisse de 29 % sur les cinq premiers mois de l'année. Stellantis – ce sont les marques Citroën ou Fiat par exemple – est en baisse de 28 %.

En revanche, pour les Allemands, ça va mieux. Volkswagen a limité les dégâts avec moins 13 % et DMV avec moins 5 %. Mais attention, ces chiffres sont à pondérer. Car bien entendu, la Covid est passée par là et les clients se sont moins déplacés dans les concessions. À cela, il faut ajouter les délais de production plus longs avec la pénurie des semi-conducteurs.

Y a-t-il tout de même des motifs d'espoir pour le territoire français ?

Oui, car il y a des projets dans nos régions. Prenez par exemple la future usine de Douvrin, dans le Nord. Elle devrait produire dès 2023 un demi-million de batteries par an, et créer au moins 1.500 emplois. C'est une bonne nouvelle.

La France investit également dans l'hydrogène avec un plan de 7 milliards d'euros jusqu'en 2030. Et l'objectif de notre pays est également d'avoir 100.000 bornes de recharge électrique d'ici la fin de l'année pour que les automobilistes se tournent vers cette nouvelle énergie.

Un changement de paradigme troublant pour l’industrie automobile

Éric Leser, journaliste automobile rédacteur en chef de la revue Transition et Énergie explique : "Pour la première fois dans l'histoire de l'automobile, il y a eu un changement technologique majeur qui n'est pas le fait d'une demande des consommateurs, qui n'est pas le fait de quelque chose que les constructeurs tentent d'imposer aux marchés des gouvernements ou des institutions internationales".

La transition écologique va avoir un impact social et économique dans un secteur déjà en déficit avant même la crise Covid. Les voitures électriques qui sont l’avenir du secteur, nécessitent en effet moins de main d’œuvre que les véhicules thermiques (que se soit dans la sous-traitance, la fonderie, ou l’entretien).

À noter, qu’à l’heure actuelle, une grande partie de ces batteries sont produites en Asie. Se pose aussi la question de leur recyclage, marché qui reste "embryonnaire" pour l’instant, mais qui est, selon Éric Leser, amené à se développer.

Une crise dans le domaine de l’automobile est très vraisemblable : l’avenir est "très compliqué et très sombre" dit-il. "Quand on regarde quelles sont les entreprises les plus endettées au monde sur les dix entreprises les plus endettées au monde, vous avez cinq groupes automobiles" ajoute-t-il, précisant qu’en France, en l’espace d’une dizaine d'années "quatre usines majeures ont été fermées".