La fonderie et Piwi

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Par : Nicolas
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mardi 05 Jan, 2021
Catégorie : Qui est qui

PORTRAIT – Louis Gallois, le plus beau CV de l’industrie française, tire sa révérence

Au début des années quatre-vingt-dix, l’industrie représentait 20 % du PIB. Aujourd’hui, on est entre 10 et 12 %. La balance commerciale qui est le juge de paix est devenue structurellement déficitaire. Depuis 2015-2016, on a assisté à une légère remontée de l’industrie, grâce à la politique de l’offre qui a été enclenchée à partir de 2014. Il faut absolument éviter que la crise du Covid-19 remette en cause cette politique. A cet égard le plan de relance est encourageant. Recréer un tissu industriel, cela demande beaucoup de temps et de la persévérance dans l’effort, mais c’est un objectif absolument majeur pour le pays.

Vous avez rédigé en 2012 un rapport qui a fait date sur la compétitivité. Qu’écririez-vous aujourd’hui si vous aviez à refaire l’exercice ?

J’élargirais le concept de compétitivité à celui d’attractivité. Il faut que l’industrie et les investissements industriels se sentent bien en France. Cela suppose de savoir créer, au-delà de la compétitivité, tout un écosystème. Certains territoires y réussissent ; ils sont plus accueillants que d’autres, et montrent la voie. La Vendée, le bassin d’Oyonnax, la Mechanic Valley entre Figeac et Decazeville… Les territoires se développent et le taux de chômage régresse.

Louis Gallois __: « L’industrie a touché le fond de la piscine »
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Dans votre rapport, vous abordiez également les questions de gouvernance…

Je n’allais pas jusqu’à la codétermination à l’allemande car je pensais que les chefs d’entreprise et les syndicats n’y étaient pas prêts. J’avais proposé qu’un tiers des membres des conseils d’administration soit des représentants des salariés. Il me semblait que c’était une bonne proportion, qui permettait d’écouter la voix de l’entreprise au sein du conseil, et pas simplement celle des actionnaires. Je continue à penser que c’est important. Des progrès ont été faits, c’est une voie sur laquelle il faut continuer à avancer.

Et sur la rémunération des dirigeants ?

Sur ce sujet, on est toujours partagé en France : les rémunérations sont souvent jugées choquantes et elles sont plutôt dans la moyenne au niveau international. J’ai moi-même été tiraillé sur cette question . Chez PSA, Carlos Tavares n’est pas, loin de là, le patron le mieux payé de l’automobile. Son niveau de rémunération se justifie par sa contribution absolument majeure au redressement de l’entreprise et à la fusion avec FCA.

Les représentants du personnel au conseil ont toujours voté pour, ils savent ce qu’il a apporté. Maintenant, il va se retrouver dans un contexte mondial très différent, tant mieux pour lui. Pour les dirigeants, ce sujet est une question personnelle. C’est à eux d’évaluer leurs besoins. Je ne crois pas que l’on puisse légiférer là-dessus.

Quand vous regardez votre parcours, avez-vous des fiertés et des regrets ?

Des fiertés ? J’en ai quelques-unes ! À la Snecma, cela a été d’être capable de mener le dialogue d’égal à égal avec General Electric, notre partenaire américain qui pesait dans les moteurs d’avion quatre fois plus que nous. À l’Aérospatiale, ma fierté allait à l’entreprise pour sa contribution majeure à la force de dissuasion.

PORTRAIT – Louis Gallois, le plus beau CV de l’industrie française, tire sa révérence

À la SNCF, cela a été, au moment de mon départ, le sentiment que les cheminots me regrettaient un peu ; j’ai eu l’impression que j’avais trouvé la voie de passage pour débattre et progresser avec eux, dans une entreprise où l’aspect humain est déterminant. Pour EADS, ce sera d’avoir mis fin à la bataille franco-allemande, et d’avoir lancé l’A350. Un programme qui coûte 15 milliards de dollars avant que le premier avion ne soit livré au premier client est un risque considérable, mais cela a contribué à stabiliser Airbus et permis de relever le défi du 777 et du 787 de Boeing.

Quant aux regrets ?

J’ai plutôt la nostalgie du temps qui passe mais pas beaucoup de regrets, si ce n’est peut-être de ne pas avoir fait mieux. On peut toujours faire mieux.

Quels sont vos projets pour l’avenir ?

J’ai des engagements citoyens, à travers la Fabrique de l’Industrie , et sur l’emploi et la lutte contre la pauvreté. Je veux poursuivre dans ces deux domaines. Je préside le fonds d’expérimentation Zéro chômeur. C’est passionnant et c’est peut-être une voie ouverte vers la création d’une assurance emploi face au drame du chômage de longue durée. Je veux également mener un combat contre la décroissance : je suis un productiviste invétéré, même si je sais évidemment que la production doit pleinement prendre en compte son impact sur l’environnement et constamment le réduire.

Mais je redoute que l’idéologie de la décroissance ne prenne une place de plus en plus importante dans la jeunesse, sans qu’on ait mesuré ses conséquences sur les inégalités. Je suis également préoccupé de voir que la science et le progrès scientifique sont remis en cause. C’est la raison qui doit nous porter ! Je continuerai le combat sur ces sujets majeurs.

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