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Par : Nicolas
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mercredi 29 Avr, 2020
Catégorie : Economie

La souveraineté industrielle française : un enjeu de l’après-crise

Pour faire face à la crise de Covid-19, le gouvernement a agi sur le front sanitaire et économique pour éviter la propagation du virus, protéger la population, tout en évitant à notre pays un effondrement économique et une grave crise sociale. Le gouvernement s’est montré très réactif pour assurer la survie des entreprises et des emplois. Ces mesures sanitaires, sociales et économiques ont permis de soutenir à la fois l’offre et la demande, afin d’assurer continuité ou reprise d’activité, tout en sauvegardant compétences et pouvoir d’achat des Français.

Les impôts de demain

Mais la perspective du déconfinement graduel après le 11 mai prochain nous oblige à dépasser le contexte d’urgence pour nous projeter « dans l’après ». Comme l’a calculé l’Insee, chaque mois passé en confinement représente pour notre économie un sacrifice de 3 points de PIB. Avec 9 millions de salariés en activité partielle, et un niveau d’activité tombé à 55 % pour l’industrie, la situation actuelle ne peut s’éterniser à plus d’un titre. D’abord, au regard de sa soutenabilité budgétaire et financière pour les finances publiques – 110 milliards d’euros de dépenses d’urgence à ce stade – même dans un contexte d’orthodoxie financière « desserrée ». Car nous savons tous comment les déficits d’aujourd’hui, même justifiés, sont appelés à devenir les impôts de demain, sans compter le surpoids d’un endettement qui hypothèque notre avenir collectif.

Le mauvais procès fait à la mondialisation

Personne ne saurait se satisfaire non plus de salariés durablement payés par l’Etat, d’une économie de guerre planifiée, d’une suspension des flux économiques et de la liberté d’entreprendre qui va avec.

Investissement productif

Nous le savons : notre modèle économique et social constitue un formidable amortisseur de crise mais il a le défaut de son avantage. Il constitue aussi un frein dans la phase de reprise, par le caractère économiquement pénalisant de son financement par le crédit et l’impôt. Il incite par ailleurs de manière insuffisante à l’investissement productif et à la création d’emplois, et pèse lourdement sur notre compétitivité.

Le nouveau cycle de la mondialisation

Au-delà de ce raisonnement économique qui repose sur le fait que la richesse nationale provient de l’activité productive et commerciale, du soutien à l’innovation et au développement des exportations, et non du déficit et de l’emprunt, cette crise sanitaire nous a révélé brutalement le caractère essentiel de la production. La crise sanitaire, qui a débouché sur une pénurie planétaire de masques, et la désorganisation des flux d’approvisionnement de l’économie mondiale en sont l’illustration. Il est donc indispensable que les actuelles mesures de survie soient rapidement relayées par des mesures de relance, qui permettront à notre pays de recréer de la richesse.

Rupture d’approvisionnement

Il faut aussi s’en donner les moyens et ne pas retomber dans les expédients court-termistes du monde d’avant. La France doit savoir réinventer « sur le temps long » un nouveau modèle productif et une compétitivité qui intégrera dans nos choix économiques le risque de rupture d’approvisionnement, le coût du carbone, le coût de notre chômage structurel ou celui de nos fractures sociales. Ceci nous conduira à relocaliser certains maillons stratégiques de nos chaînes de valeur, à développer les circuits courts et à accélérer l’industrialisation sur les marchés futurs : technologique et numérique.

Restaurer dans ces conditions la compétitivité de l’appareil productif impliquera un plan de soutien massif pour traiter nos handicaps actuels, notamment en matière de fiscalité de production, pour pouvoir produire des effets visibles et durables. Enfin, la mise en oeuvre de dispositifs de formation performants, une agilité accrue pendant cette période de transition en matière d’organisation du travail, et un dispositif de reclassement à proximité des demandeurs d’emploi, seront déterminants pour préserver et développer le capital humain de notre pays. C’est seulement ainsi que nous pourrons engager une véritable renaissance de notre industrie dans nos territoires et donner vie à une souveraineté économique française.

Philippe Varin est président de France Industrie.

Zone de commentaire !

1 commentaire pour : "La souveraineté industrielle française : un enjeu de l’après-crise"

  1. Question : tous ces doctes savants, industriels, économistes, fonctionnaires qui nous serinent maintenant avec ce discours sur un retour « à la normale », opposé à la délocalisation et désindustrialisation qui avait leur faveur jusqu’à lors, n’ont-ils pas participé, encouragé et accepté ce fameux modèle qu’ils réprouvent aujourd’hui ?

    Qu’on se rappelle la chanson, déjà ancienne mais très juste, de Jacques Dutronc : « L’opportuniste ». Il serait bon de se la repasser…de temps en temps.

     

    Francis Cubilot : Philippe Varin a lui dirigé PSA just’avant Carlos Tavarin. Il a ferrmé Aulnay sous bois.

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