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Par : piwi
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mercredi 17 Juil, 2019
Catégorie : Selon la presse

La sidérurgie européenne craint de replonger dans la crise

Les Echos –
Les mesures de sauvegardes mises en place par la Commission européenne n’ont pas prouvé leur efficacité : les importations d’acier ont augmenté en Europe, et la production locale a baissé. Confrontés aussi à la baisse de la demande et à une augmentation de leurs coûts, les sidérurgistes européens commencent à montrer des signes de difficultés.

La production d’acier a baissé en Europe : selon la World Steel Association, le recul s’est élevé de 2,4 % sur les cinq premiers mois de l’année, alors qu’elle progressait au total de 5 % dans le monde (et même de 10 % en Chine)

Ils ont eu le sourire ces dernières années, mais ils recommencent à faire la grimace : pour les sidérurgistes européens, le début de 2019 a été plutôt difficile. Au cours de la grande conférence annuelle de leur association professionnelle à Bruxelles (Eurofer), qui s’est tenue fin juin, le président Geert Van Poelvoorde a même tenu des propos carrément alarmistes : selon lui les défis auxquels sont confrontés les producteurs d’acier « ont le potentiel d’éliminer la totalité de la sidérurgie en Europe ».

Xavier Le Coq, président de la CFE-CGC sidérurgie en France, tient un discours tout aussi inquiétant dans un courrier adressé il y a quelques jours aux nouveaux députés européens, évoquant « les menaces extrêmement sérieuses qui pèsent sur notre industrie ».

Cerise sur le gâteau
Depuis le début de l’année, la demande sur le Vieux Continent se contracte, notamment sous l’effet du ralentissement observé dans l’automobile (qui représente près d’un quart de la consommation d’acier). Et ce, au moment même où une production à moindre prix inonde l’Europe, se détournant des Etats-Unis frappés par des droits de douane de 25 %, imposés par Donald Trump . « En 2018, la hausse des importations de produits finis en acier a atteint un record de +12 %, dans un marché qui a augmenté de seulement 3,3 % », rappelle Geert Van Poelvoorde.

INTERVIEW : Aditya Mittal : « L’Europe ne peut pas être la variable d’ajustement »
« La tendance s’est poursuivie cette année, avec des importations venant essentiellement de Turquie et de Russie », indique Philippe Darmayan, président d’ArcelorMittal France. Conséquence, la production d’acier a baissé en Europe : selon la World Steel Association, le recul s’est élevé de 2,4 % sur les cinq premiers mois de l’année, alors qu’elle progressait au total de 5 % dans le monde (et même de 10 % en Chine).

La Commission européenne a certes mis en place des mesures de sauvegarde l’été dernier, en fixant des quotas d’importation par pays (sur la base du niveau 2015-2017). Mais elles n’ont pas été réellement efficaces. Les quotas ont même été automatiquement augmentés de 5 % début juillet. « C’est la cerise sur le gâteau », a commenté le président d’Eurofer. Les industriels ont demandé à Bruxelles d’annuler cette augmentation. « Nous attendons maintenant un retour », indique Philippe Darmayan.

Surcapacité mondiale
« La situation de surcapacité mondiale provoque une baisse des prix de l’acier », relève Marcel Genet, fondateur du cabinet Laplace Conseil. « Or parallèlement le prix du minerai de fer flambe , suite notamment à la fermeture de mines au Brésil. Ce qui vient peser sur les marges des producteurs : les plus faibles commencent à souffrir ! »

ArcelorMittal réduit de nouveau sa production en Europe, notamment en France
En attendant les résultats semestriels, qui devraient marquer la fin de l’embellie observée depuis deux ans, les premiers signes de la crise commencent à se manifester. Le numéro un mondial, ArcelorMittal, a tenté de limiter la baisse des prix en réduisant la production de ses aciéries de Cracovie en Pologne et des Asturies, en Espagne, mais aussi de Dunkerque (Nord) et d’Eisenhüttenstadt, en Allemagne. En Grande Bretagne, British Steel a été placé sous administration judiciaire , et l’avenir de ses hauts fourneaux de Scunthorpe, dans le nord du pays, est menacé.

Incertitudes
Le spécialiste des aciers inoxydables Aperam a dû mettre son site d’Isbergues (Pas-de-Calais) au chômage partiel à plusieurs reprises depuis le printemps. Autre exemple, « suite à l’ échec de sa fusion avec ThyssenKrupp , Tata Steel a engagé un processus d’information consultation en vue de la fermeture de sites », indique Xavier Le Coq.

L’avenir ne s’annonce pas plus rose. « Le deuxième semestre est traditionnellement moins bon dans la sidérurgie, en raison des congés d’été et de Noël, explique Marcel Genet. L’incertitude, liée à la conjoncture ou au Brexit, pèse aussi sur la demande. En résumé, on ne voit aucun facteur à l’horizon qui permettrait de redresser la situation ».

L’acier, filière industrielle stratégique en France
« L’acier est la fondation stratégique de l’économie, au coeur de nombreuses industries comme l’automobile, l’aéronautique, la construction » a rappelé Valérie Létard (sénatrice Union centriste du Nord), en présentant à la presse les conclusions de la mission d’information du Sénat sur la sidérurgie. Employant 38.000 personnes, considéré comme stratégique, le secteur doit recevoir le soutien de l’Etat, et notamment d’un ministre de l’Industrie. « Aujourd’hui l’Etat joue le rôle d’un pompier, on l’a vu dans le cas d’Ascoval », a poursuivi Valérie Letard. Le rapport comporte une trentaine de propositions destinées à soutenir la filière et à accompagner ses mutations.

Anne Feitz

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