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Par : piwi
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vendredi 22 Fév, 2019
Catégorie : Selon la presse

les César

Tout commence en 1976. Georges Cravenne (1914-2009), journaliste et producteur, veut célébrer le cinéma français, à la manière des Oscars aux États-Unis. Il crée alors l’Académie des Arts et Techniques du Cinéma, qui récompense chaque année les professionnels de l’industrie du 7e art dans différentes catégories : acteurs, réalisation, scénario, décor ou encore photographie. « Les Oscars, je crois, sont nés en 1927. J’avais alors 13 ans, et depuis cet âge, j’ai toujours été obsédé par l’existence de ce personnage emblématique, non pas de chair et d’os, mais de bronze et de dorure, dont la réputation était planétaire », expliquait Georges Cravenne. Les César ne sont pourtant pas les premières cérémonies qui récompensent le cinéma français. Il y eut auparavant Les Victoires du cinéma français, créées en 1946 par le magazine hebdomadaire Cinémonde. Et de 1955 à 1975, Les Étoiles de cristal à l’initiative du compositeur Georges Auric.

La grande famille du cinéma français existe-t-elle vraiment?
Dès 1976, les lauréats des César sont choisis par un jury de critiques et d’artistes des différents secteurs de l’industrie cinématographique française. Et pour concevoir l' »objet », Georges Cravenne fait appel à son ami, le sculpteur César Baldaccini, dont le nom d’artiste se résume à « César ». Ce prénom, court et percutant, rappelle d’ailleurs parfaitement celui des Oscars, et fait aussi écho à l’un des longs-métrages de la trilogie de Marcel Pagnol, « César », sorti en 1936 :

Toujours est-il que l’idée de créer un équivalent français a germé en moi, jusqu’au jour où le nom de mon ami César, sculpteur de génie, s’est imposé à moi et sa sculpture avec lui. Oscar, César, cinq lettres qui rimaient à tel point que la naissance du second était devenue évidente, pour le plus grand bien de la promotion du cinéma, en Europe en tout cas. Georges Cravenne

Au moment où Georges Cravenne choisit César, son travail commence à être reconnu par ses pairs, notamment grâce à ses « compressions », qui deviendront sa signature. La statuette qu’il élabore pour la cérémonie sera d’ailleurs le fruit d’une compression de motifs en bronze, représentant des ornementations de mobilier. Un technique de fabrication d’abord née d’un manque de moyen.

Car en 1960, César est sans le sou. Il se rend régulièrement sur des décharges pour récupérer des matériaux bon marché, lui qui n’a pas encore les moyens de s’offrir du marbre ou du bronze pour ses sculptures. Un jour, alors qu’il se trouve par hasard chez un casseur de Gennevilliers, il découvre une machine étonnante : une grande presse hydraulique qui transforme les voitures en cubes colorés. Un choc esthétique qui va nourrir son œuvre jusqu’à la fin. Dans une série « À voix nue », qui lui était consacrée en 1997, le sculpteur revenait sur l’importance de cette découverte :

J’ai fait une rencontre avec les voitures compressées. Je trouve ça tellement beau et passionnant. Je voulais montrer que la machine arrivait à faire une certaine destruction, qui était aussi un ordre. (…) Une compression, c’est figuratif puisqu’il y a des anecdotes, tu t’approches et d’un seul coup tu vois que c’est une deux-chevaux, enfin il y a des éléments d’une deux-chevaux… Il y a ce que tu veux selon ce que tu mets dedans. C’est comme des bocaux d’Arman, dedans il y a des olives, des cornichons… Chaque fois c’est un langage. César Baldaccini

« J’ai fait une rencontre avec les voitures compressées. Je trouve ça tellement beau et passionnant. » César Baldaccini (À Voix nue, 1997)
Mais il est amusant de noter que le fameux trophée n’a pas toujours eu ces allures de bûche dorée et compressée que l’on connaît, emblématique du travail de César. En 1976, pour la première édition de la cérémonie, César élabore d’abord une statuette très ressemblante à celle décernée lors des Oscars. À l’époque, il s’agit d’une silhouette sobre et masculine, enroulée dans une bobine de film. Mais la statuette ne rencontre qu’un succès mitigé auprès du public et ne durera qu’une seule cérémonie.

Je crois qu’il y a une partie concrète dans sa sculpture qui est ce personnage enroulé de pellicule de film, et perché sur une roue, qui est un peu la roue de la fortune, et qui est en fait une bobine de film. Georges Cravenne

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