La fonderie et Piwi

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Par : piwi
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lundi 08 Jan, 2018
Catégorie : Non classée

César au Centre Pompidou

. Et, dès l’entrée, on constate que la ferraille domine. Elle ouvre le parcours avec les premiers fers soudés de la fin des années 1940 (Le Coq, 1947), et le ferme avec les ultimes compressions de 1998, six automobiles Fiat de la Suite milanaise, qui en comprenait à l’origine quinze. Au milieu, les Expansions et les moulages des années 1960-70 semblent appartenir à une autre histoire.
Pionnier de la compression
On sait à peu près tout du bonhomme, né César Baldaccini en 1921, truculent Marseillais, fils d’immigré italien qui finira immortalisé (en France) par la petite compression dorée offerte chaque année par le milieu du cinéma à ses professionnels méritants. Installé à Paris en 1946, démuni, il récupère la ferraille qu’il soude, soit dans les pas de Giacometti (L’Homme qui marche, 1954), soit dans ceux de Germaine Richier (de la Chauve-souris de 1954 à la Victoire de Villetaneuse de 1965), soit dans les siens propres avec la belle série des hommes ailés (L’Homme de Saint-Denis, 1958) ou les bas-reliefs composés de tôles de voiture accidentées (Relief-Klaxon, 1962). Et c’est chez un ferrailleur qu’il se procure en 1958 les premiers blocs de métal compressé.
Un homme ingénieux
La « compression » est la grande affaire de César. Par la radicalité du geste, elle lui assure une place de pionnier ; par la simplicité de la technique, elle lui autorise des œuvres spectaculaires ; par son contexte (son acquisition chez un ferrailleur, sa fabrication par une machine, etc.), elle intègre son travail dans la sphère duchampienne. Bien qu’une compression ne soit pas un ready-made, c’est-à-dire un objet indifférent, et que César, assez peu porté sur la théorie, s’intéresse surtout au matériau et à ses déformations. Dans les années 1970, il compressera un tas d’autres choses (filasse, jute, carton, affiches, etc.), mais ce ne sont que des répétitions opportunistes et décoratives. Son matériau de prédilection — son signifiant, pourrait-on dire —, c’est la ferraille. César est donc un homme ingénieux. Il expérimente. Certaines de ses trouvailles préfigurent quelques afféteries contemporaines : introduire de l’art ancien dans une œuvre (Tête romaine, 1966) ou empaqueter un objet dans du Plexiglas fondu (Enveloppage, 1971).
Privé de son apothéose
Réalisées à partir de 1967, les Expansions (de la mousse polyuréthane) appartiennent à ce genre facétieux. Par leur aspect mou et brillant, elles paraissent aujourd’hui datées, proches du design de l’époque — mais assez voisines aussi du clinquant de Jeff Koons. César, grisé par son habileté, avide de gloire et d’argent, s’est offert une parenthèse pop symboliquement grossière, à laquelle appartiennent aussi les moulages vulgaires et kitsch de son pouce (dérisoire phallus dressé sur le parvis du Centre Pompidou) ou du sein d’une danseuse du Crazy Horse. Les fers soudés (picassiens) des années 1980-90 (Fanny Fanny, 1990), redites de ceux des années 1950-60, n’arrangent pas les choses. L’exposition nous préserve du pire, du Plat de bites de 1966 ou des derniers autoportraits, objets narcissiques auxquels échappe de justesse le Centaure (1983). Elle nous réserve aussi le meilleur pour la fin : l’élégante et puissante Suite milanaise, conçue par César l’année de sa mort, qui aurait mérité d’être exposée complète, comme elle le fut au Consortium de Dijon en 1998 et à la Fondation Cartier en 2008. Ainsi amputée, privée du nuancier que l’ensemble des compressions compose, elle perd de sa force et de sa grâce, et prive le sculpteur de son apothéose.

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2 commentaires pour : "César au Centre Pompidou"

  1. La coulée d’un pouce de César (en plusieurs morceaux)n’a pas été le moment le plus important de ma carrière de fondeur. Le plus important dans la fabrication d’une telle oeuvre sont l’assemblage, le soudage, le polissage et la finition. Pour le fondeur, le travail consiste à mouler une forme dépouillée et à assurer une épaisseur régulière (utilisation d’une quantité importante de sable).Le fondeur doit disposer de moyens de manutention et de fusion importants. L’oeuvre à la fin est belle, mais mise à part la qualité exigée du bronze (bronze poli, donc pas de piqûres), le fondeur n’est qu’un intervenant mineur dans la fabrication.
    J’ai préfèré mouler et couler  » le colosse de Buggatti  » , un  » Totem  » de Anthony QUINN, une  » Vénus à tiroirs  » de Salvator Dali (sculptures de 3 mètres coulées d’un seul jet).
    Certaines pièces industrielles sont beaucoup plus complexes à la réalisation.
    Ces remarques n’engagent que moi.

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