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Par : piwi
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mercredi 27 Juil, 2016
Catégorie : Technique

« Automatisation de l’emploi »…où l’on reparle algorithmes, big data et intelligence artificielle

Si l’automatisation des années 1990 et 2000 ne les a pas encore menacés, le Big Data, les objets connectés et l’intelligence artificielle issue du deep learning des années 2010 et 2020 le feront. Les tourneurs fraiseurs, les chaudronniers hautement qualifiés (les fondeurs aussi…!!!) qui font un métier de réflexion et de savoir-faire, et demain même les maçons, vont-ils tenir longtemps face aux possibilités de l’impression 3D ? Autant de métiers qu’on pourrait considérer non impactés, si on se limite à « l’automatisation ».

Des vagues de délocalisation rendues possibles

Un autre aspect que n’aborde pas la note est la facilité de délocalisation que rend possible la numérisation et les moyens de télécommunications toujours plus performants. Les centres d’appels ont été massivement délocalisés dans les années 1990 avec l’avènement du numérique dans les télécoms, abolissant la distance et facilitant la concentration d’un grand nombre d’appels sur un petit nombre d’employés.

Qui ne dit que les systèmes de messagerie, les applications de vidéoconférence comme Skype, l’apparition de robots humanoïdes permettant d’incarner un travailleur distant, ne vont pas favoriser l’installation physique dans des pays à bas coûts d’emplois de hauts niveaux ?

C’est déjà très largement le cas des ingénieurs télécoms, que la note cite paradoxalement en exemple de métier créé par le numérique et donc potentiellement d’avenir. Si celui d’ingénieur informatique reste porteur en France, ce n’est plus le cas pour ceux des télécoms : après la purge des constructeurs et opérateurs de ces 10 dernières années, c’est un métier en raréfaction. L’ignorer ou ne pas en tenir compte, rend le reste de l’analyse beaucoup moins crédible.

De nouveaux métiers bientôt obsolètes

Le dernier aspect passé sous silence de la note concerne non pas la numérisation, mais la simple disparition de certains métiers. L’uberisation rendue possible par le numérique rend caducs un certain nombre d’emplois qui ne sont pas intrinsèquement numérisables, que ce soit celui de chauffeur ou d’employé d’hôtel n’ayant plus de valeur dans un monde à la AirBnB.

Ces deux exemples emblématiques et pouvant parfois être caricaturaux sont les exemples des impacts indirects de la numérisation. Si la technologie de la blockchain se révèle aussi prometteuse qu’elle y parait, les emplois de notaires ou de banquier ne seront pas numérisés, mais disparaîtront simplement.

Il est donc dommage que la note se contente de reprendre à son compte des études sans en pointer les limites et les aspects non traités, et tire une conclusion qui n’est au mieux pas étayée. Si l’impact de la numérisation de l’emploi ne sera peut-être pas le cataclysme redouté par certains, l’ensemble de ses effets est encore très mal connu et ne se limite pas à une bataille de chiffres prospectifs.

L’empirisme de ces évaluations cache le sujet crucial qui reste à prendre à bras le corps : quel que soit le nombre précis d’emplois, et donc de personnes, impactés par le numérique, quels sont les moyens mis en oeuvre par la collectivité pour accompagner le mouvement de manière constructive, sans le freiner et en préservant les personnes touchées ? Plus qu’une bataille de chiffre ou de technologie, le numérique nous interroge sur notre capacité à nous projeter collectivement dans un avenir qui ne devra pas être écrit seulement avec des 0 et des 1.

Olivier Marcé est ingénieur chercheur en télécom

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