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Par : piwi
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jeudi 10 Déc, 2015
Catégorie : Selon la presse

L’intérim s’envole chez Renault et PSA

Prudents, les deux constructeurs veulent maîtriser leur masse salariale.

La production automobile française deviendrait-elle une affaire d’intérimaires ? Les statistiques fournies par Renault et PSA à leurs syndicats montrent la nouvelle place occupée dans leurs ateliers par le travail temporaire – devenu presque aussi répandu que le CDI traditionnel. Fin octobre, les deux groupes employaient en France environ 4.200 intérimaires de plus (dont 3.000 chez Renault) qu’à la même époque l’an dernier. Pour un peu moins de 1.300 CDI recrutés à eux deux depuis janvier…

De fait, la situation se vérifie avant tout chez Renault. Les intérimaires y représentaient fin octobre quelque 45 % des effectifs industriels en France (hors personnels administratifs, vente, ingénierie) – soit près de 6.000 salariés. Presque autant que le nombre de CDI. Si l’on ne tient compte que des person­nels travaillant le long des lignes d’assemblage (agents de production­ Renault), les niveaux sont encore plus impressionnants.

A Sandouville, on dénombre 1.300 intérimaires pour seulement 880 opérateurs, soit 60 % de l’effectif. A Flins, près de 1.600 ouvriers sont en travail temporaire, contre 1.414 en CDI, tandis que le ratio tourne autour de 40 % à Douai… Et on trouve encore 1.000 intérimaires à Batilly, 350 à Maubeuge, ou encore 1.100 à Cléon (moteurs). « Nous n’avions jamais connu de tels niveaux », souffle Fabien Gâche, de la CGT.
« Les seuls CDI de l’équipe sont les encadrants »

Chez PSA, le phénomène est moins net, et plus contrasté selon les sites. En France, le constructeur employait fin octobre 3.990 intérimaires, contre 2.777 fin 2014 (soit 13 % des effectifs de production). Dans le détail, à Sochaux, ils sont 1.339 intérimaires sur les lignes, pour 5.656 CDI. Mais cet été, ils étaient presque 1.500. A Mulhouse, ils sont 1.365 pour 5.319 ouvriers – dont 800 pour la seule équipe week-end. « Celle-ci est presque entièrement composée d’intérimaires. Les seuls CDI de l’équipe sont les encadrants », dit-on sur place. Plus au sud, à PSA Vesoul, on recense 557 intérimaires pour 2.197 postes, le double environ de l’an dernier. A Poissy, où la charge de travail n’est pas énorme, on trouve 30 % d’intérimaires sur les chaînes, estime FO. Et à Rennes, où les troupes réclament un nouveau modèle, seuls 10 intérimaires traînent ici ou là.
A vrai dire, ces chiffres englobent différents types de contrats (parfois de quelques semaines), et l’intérim a toujours fait partie de la vie des ateliers. « Les usines auto ont toujours vécu en dents de scie, en fonction des lancements de nouveaux véhicules, confirme Franck Don, représentant CFTC chez PSA. Il faut produire beaucoup avant le lancement, puis dans les premiers temps du modèle. Mais beaucoup moins ensuite. » Les intérimaires permettent de gérer ces cycles.

Un risque en termes de qualité

Aujourd’hui, le marché européen est en net regain. Après des années de disette, les usines Renault voient une flotte de nouveaux modèles. Espace, Talisman et Scénic pour Douai, Micra de Nissan à Flins, Trafic­ et utilitaires d’Opel et Fiat à Sandou­ville… « Il y a de la charge et c’est tant mieux. Mais il faut que cela se concrétise par davantage d’embauches », juge Brahim Hachouche, de Force ouvrière. Pour l’heure, la direction n’a promis que 500 recrutements « ouvriers ».

Echaudés par la crise de 2008 – Renault et PSA ont, à cette époque, dégraissé fortement leur main-d’œuvre française –, les construc­teurs sont prudents sur la reprise et limitent la part de CDI grâce à l’intérim ou des formes de contrats moins protecteurs que le CDI (en 2016, PSA prévoit d’embaucher 2.000 emplois jeunes). « La direction de PSA veut abaisser la masse salariale de 14 à 10 % dans le cadre du plan “Back in the race” », note Christine Virassamy, à la CFDT. Depuis janvier, PSA n’a embauché que 270 personnes.

« Une ligne composée en majorité d’intérimaires, c’est un risque en termes de qualité », souligne un délégué syndical de Flins, un site qui a vu ses résultats malmenés, le temps de remettre au niveau les personnels intérimaires – moins qualifiés bien que formés. A Douai, où s’usinent les modèles haut de gamme de Renault, les représentants de la CFDT se sont émus du sujet. Autre question : restera-t-il des opérateurs de base en CDI ? Ou ces métiers-là seront-ils dévolus à l’intérim ? Nul doute que les futurs accords de compétitivité qui doivent être négociés en 2016 se pencheront en détail sur le sujet.
Maxime Amiot, Les Echos

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1 commentaire pour : "L’intérim s’envole chez Renault et PSA"

  1. Dans l’économie française, sur 51.000 emplois créés dans le privé depuis un an, 49.000 l’ont été en intérim. Et certaines usines automobiles tournent avec autant d’intérimaires que d’employés en CDI.

    Il y a une raison conjoncturelle : l’économie accélère un peu et les entreprises commencent toujours par créer des emplois temporaires avant de savoir si l’embellie se confirme.

    Mais il y a aussi des raisons légales et culturelles. Les entreprises françaises ont du mal à licencier. C’est ainsi un marché du travail à deux vitesses qui se met en place entre « insiders » et « outsiders »

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