Il faut dire qu'elle a de la bouteille, Marguerite. Née sous François Ier en 1514, elle a certainement célébré la victoire de Marignan avant de sonner bien des joies ou des peines. Ces derniers temps, son timbre s'éraillait et une visite quasi médicale a montré une altération de son tablier en cuivre et en étain, à l'endroit de la frappe. Ses anses étaient également usées et un lifting s'imposait. Le coût de l'opération (11.700 €) a incité la commune à faire classer cette vénérable pièce de patrimoine pour obtenir 70 % de subventions de l'État et du Département. Marguerite est donc partie pour la fonderie Trémentines après la descente solennelle de ses 280 kg. « C'est un élément important de notre belle église, réputée pour ses fresques romanes », souligne le maire de Lourouer-Saint-Laurent, Pascal Chéramy, qui espère récupérer la voyageuse, courant mai. D'ici là, l'entreprise Baudet, spécialisée dans ce créneau atypique, l'aura mise à plusieurs reprises dans un four à plus de 600° pour mieux travailler son métal. « L'étape la plus importante est la descente de température », précise le technicien campaniste, Christophe Brunet, avant d'insister sur le travail de qualité effectué par la seule société française à ne pas délocaliser son savoir-faire. Ses interventions sont d'ailleurs garanties à vie. Margerite qui enterrera tous ceux qui se sont penchés à son chevet et bien d'autres, peut donc songer avec sérénité à la cérémonie qui marquera un retour dans l'Indre, attendu impatiemment par Madeleine. Car la jeunette doit hausser la voix pour les sonneries quotidiennes et la solitude lui donne… le bourdon. Jean-Michel Bonnin
Marguerite effeuille ses cinq siècles
mercredi, 26 février 2014. Lien permanent Photos de pièces
Un joli texte par une bonne plume de la Nouvelle République .
… Marguerite a quitté le clocher pour un atelier clinique du Maine-et-Loire.
Lourouer-Saint-Laurent. La cloche Marguerite qui rythme la vie de la commune depuis 1514, a quitté l’église pour un lifting de deux mois.
Depuis quelques jours, Madeleine se sent bien seule. Marguerite, dont elle partage l'existence depuis deux cents ans dans l'église de Lourouer-Saint-Laurent, est partie en voyage. Cette dernière aurait pu, comme toutes les cloches, attendre Pâques pour s'envoler vers Rome en sa compagnie, mais la coquetterie l'emporte souvent sur la raison. La vieille dame est allée se refaire une beauté dans le Maine-et-Loire.