Par Francis Cubilot,
mercredi, 27 mai 2020.
Selon la presse
Atlantico - parce que nous sommes prêts à changer d'idée - Avec Loïk Le Floch-Prigent
PROBLÈME CULTUREL - La pandémie de Covid-19 a mis en exergue les problèmes dus à la disparition des industries en France. Celle-ci est particulièrement due à une culture anti-entreprises trop ancrée dans le pays.
La pandémie a mis le pouvoir au pied du mur : l’incapacité à fournir masques, respirateurs, tests, blouses, visières… sans faire appel à l’industrie chinoise a mis en lumière les conséquences d’une délocalisation industrielle incontestable depuis une vingtaine d’années. La réalité est également venue s’inviter quand on a parlé médicaments et principes actifs, puis plus tard vaccins. Il est clair que nous n’avons plus de souveraineté sanitaire et que cette situation s’est accélérée gravement ces dernières années, jusqu’à constater une pénurie d’écouvillons pour effectuer les tests de Covid-19, un comble !

Tous les tenants de la souveraineté se sont donc frottés les mains : enfin tenait-on compte de leurs idées, et ils ont donc demandé quelles mesures le Gouvernement comptait prendre pour porter remède à une situation intolérable. Le 15 Mai, le Chef de l’Etat a donc reçu ses économistes préférés pour leur demander ce qu’il fallait faire pour « rapatrier » les fabrications essentielles pour la survie de la nation et on ne sera pas étonnés d’entendre dans quelques jours ou semaines un programme pour que notre industrie revienne dans quelques secteurs ou sous-secteurs, ce qui permettra un beau programme de communication sur lequel pourront se concentrer tous les commentaires. Triste fin pour une vraie question.
Pourquoi délocalise-t-on ? La réponse des économistes est que le marché détermine la fragmentation de la production dans l’intérêt des consommateurs. Chaque producteur est à la fois fournisseur et client, et il optimise pour obtenir de bons résultats et ainsi poursuivre son activité. C’est ainsi qu’en intégrant l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) la Chine a pu devenir en très peu d’années la manufacture de la planète et il n’y a pas un secteur en France qui ne reçoive un produit issu de l’Empire Céleste. Les économistes vont plus loin dans l’explication et parlent des bas salaires qui permettent une compétitivité sans discussion possible de tous les pays asiatiques et en particulier de la Chine. Cette raison simple, disons simpliste, existe, mais toute seule elle n’explique rien car pour justifier un nouvel investissement dans un pays plus ou moins éloigné alors qu’une production existe déjà, il en faut bien plus. C’est donc un propos décharné, ce n’est pas celui d’un industriel.
En fait le problème est culturel, ce qui a conduit à un nombre incroyable de mesures anti-industrielles depuis au moins vingt ans et à la constitution d’un appareil administratif hostile au développement industriel tandis que les médias ne cessent d’accuser les industriels à la satisfaction de leurs lecteurs. Le mal est donc profond et c’est ce qui a conduit et amène tous les jours les industriels et leurs mentors, les financiers, à délocaliser dès que cela parait souhaitable, possible, et financièrement acceptable. Lisez la presse, écoutez la radio et la télévision, allez au cinéma, achetez les romans, branchez vous sur les réseaux sociaux : où trouvez-vous les bienfaits de l’industriel français essayant de conserver et de développer le trésor national de compétences, de savoir faire, de créativité, d’innovation, de responsabilité et de générosité qui existe dans notre pays ? D’un coté, les organisations syndicales caricaturent un « patronat » arrogant et esclavagiste, et, de l’autre les gauchistes-écologistes montrent du doigt les horribles individus qui pillent la planète, la polluent et nous préparent à la fin du monde dans des délais courts. Nous avons à la fois Martinez et Greta Thunberg avec Hidalgo en prime… Mais il faut que l’on relocalise pour fournir des masques à une population que l’on a affolée avec un confinement moyenâgeux ! C’est mission impossible et seuls les "communicants" vont relever le gant, offrant à la population une variante nouvelle de manipulation brillante. Cela n’a aucun intérêt, il nous faut, nous industriels, reconquérir l’âme de nos concitoyens leur faire comprendre que nous sommes des patriotes aimant notre métier et notre pays, souffrant comme eux et avec eux de notre déclassement mondial inexorable et prêts à nous « défoncer » pour reconquérir une partie de notre prospérité passée, mais nous avons besoin d’eux, du secteur éducatif, des « profs », des journalistes, des leaders d’opinion, des artistes, des humoristes, des chanteurs, des écrivains, de tout ce qui a fait et fait toujours le pays. Nous voulons produire, nous en avons les moyens en termes de compétences et de volonté, mais nous ne pouvons pas réussir contre la population, contre les administrations, contre la presse, contre les hommes et femmes politiques, et… contre le Gouvernement et le Président de la République. Si vous n’aimez pas l’industrie et si vous ne la considérez pas, elle partira ailleurs comme elle le fait depuis vingt ou trente ans. Nous sommes le pays qui a le plus de Présidents de sociétés étrangères et qui a le plus de mal à recruter des Présidents nationaux pour les sièges dans ses sociétés propres ! Cela ne vous interroge pas ?
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