Traces Ecrites News - Publié par Monique Clémens, le 16 mars 2017
FONDERIE HAUTE-SAÔNE. Leader européen des tambours de freins pour camions, l’entreprise a mis au point le procédé Bat’Ring permettant de recycler des piles alcalines et salines usagées dans son process de fabrication de fonte.
Ainsi, Fiday Gestion n’a plus besoin d’acheter de manganèse et participe à l’économie circulaire. Le brevet a été déposé avec Eco’Ring et les deux partenaires veulent maintenant convaincre d’autres fondeurs d’utiliser ce procédé qui, last but not least, ne nécessite aucun investissement.
Demain 17 mars, l’innovation sera présentée à Dijon lors de la signature d’un contrat d’objectif entre l’Ademe et la Région Bourgogne-Franche-Comté sur les déchets et l’économie circulaire.
Fiday Gestion est l'un des leaders européens du tambour de frein pour camions.
Depuis 2004 et la hausse des coûts matière, Fiday Gestion cherche des matériaux de substitution. Les matières premières représentent le premier poste de dépense de cette fonderie et se montent entre 15 à 20 millions d’€ par an.
L’enjeu est de taille. Cette entreprise de Haute-Saône qui emploie 270 salariés à Chassey-les-Scey et occupe une position de leader européen sur le marché du tambour de frein pour camions s’était alors assez naturellement engagée dans une démarche environnementale, et avait obtenu la certification ISO 14.001 en 2010.
Après l’anthracite et les copeaux de métaux, moins coûteux que le coke (combustible obtenu par pyrolyse de la houille), l’entreprise avait eu l’idée de valoriser les piles usagées dans son cubilot, la grande tour verticale où sont introduits le combustible, les aciers et les différents éléments nécessaires à la fabrication de la fonte grise, comme le silicium ou le manganèse.
C’est justement le manganèse contenu dans les piles qui leur vaut tant d’intérêt. Auparavant, l’entreprise achetait 100 à 150 tonnes de manganèse pur par an, à près de 1.000 € la tonne.
Aujourd’hui, avec l’utilisation de piles usagées fournies par un éco-organisme du Jura, cet élément indispensable à la fonte grise qu’elle utilise pour fabriquer les pièces de freins pour camions et remorques ne lui coûte plus qu’environ 5 € la tonne. Une paille…
Le remplacement ne s’est pas fait en un claquement de doigts. Sur ce coup-là, Fiday a investi près de 600.000 €, tout compris. Le fondeur haut-saônois a travaillé en collaboration avec Eco’Ring, un cabinet d’ingénierie basé à Feurs, dans la Loire, spécialisé dans la valorisation des déchets et de co-produits contenant des métaux.
Le manganèse contenu dans les piles remplace le manganèse pur, beaucoup plus coûteux.
Les piles simplement triées
Le projet a été soutenu dès le départ par l’Ademe (l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie). La Dreal, à son tour, s’est embarquée dans l’aventure en délivrant des autorisations rapides.
Le CTIF (Centre technique industriel fonderie, matériaux et produits métalliques) a validé le procédé et les éco-organismes chargées de collecter, trier et valoriser les piles usagées ont également été mis à contribution.
Les deux entreprises partenaires ont déposé un brevet pour leur procédé en 2013. Baptisé Bat’Ring, il permet de valoriser les piles alcalines et salines usagées telles quelles dans l’industrie de la fonderie, et plus précisément dans les cubilots à vent chaud.
Un ingénieur métallurgiste a été embauché en 2014 pour suivre le processus et lancer la préindustrialisation. Bat’Ring a été testé pendant plus de deux ans, à la fonderie de Chassey-les-Scey, et devant les bons résultats et l’absence de rejets dans l’atmosphère et de dégradation de l’environnement, l’industrialisation proprement dite a pu être lancée mi-2016.
« Les piles sont seulement triées, chargées dans la trémie puis dans une benne et versées dans le cubilot, pour être transformées en fonte grise puis en tambours de freins », résume Jean-Pierre Garnier, P.-DG de cette PME à l’actionnariat familial. « Le procédé est disponible à la duplication, le déploiement industriel et commercial démarre. »
Coulée de fonte chez Fiday Gestion, ici manuelle.
La duplication du procédé, c’est l’étape suivante. Le marché des piles alcalines et salines, en Europe représente 160.000 tonnes par an, qu’il faudrait valoriser à plus de 50% pour être conforme à la directive européenne. On n’en est qu’à 45% aujourd’hui, alors que le procédé Bat’Ring affiche un taux de valorisation de 80 à 85%.
Co-propriétaires du brevet, Fiday Gestion et Eco’Ring veulent maintenant convaincre les autres fonderies d’adopter leur procédé. « Il nécessite zéro investissement, il permet d’enrichir la fonte en poussières de zinc et il affiche une empreinte carbone réduite par rapport aux procédés existants », poursuit le P.-DG de Fiday.
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