Par Piwi,
mercredi, 27 juillet 2016.
Technique
ce qu’oublie de dire France Stratégie - Le cercle des Echos - OLIVIER MARCÉ Ingénieur chercheur en télécom
Une note d'analyse de l'institut France Stratégie estime que 15% des emplois en France sont automatisables. Bien qu’intéressante, l'étude est entachée de plusieurs faiblesses.
France Stratégie a publié le 19 juillet une note d’analyse sur l’impact du numérique sur l’emploi, intitulée « L'effet de l'automatisation sur l'emploi : ce qu'on sait et ce qu'on ignore ». Selon ces travaux, « seuls 15 % des salariés français pourraient en l’espèce être remplacés par un robot aujourd'hui. » Cette note est intéressante, car elle résume l'état du débat sur l'impact du numérique sur l'emploi. Malheureusement, elle n'évite pas les écueils qu'on retrouve déjà dans les travaux cités.
La première limitation concerne la compréhension des possibilités toujours grandissantes du numérique. L'analyse des emplois ou tâches automatisables semble se baser sur une compréhension de l'informatique et plus généralement du numérique datant des années 90, lorsque le mot « automatique » n'avait pas encore un sens désuet.
La note et les études semblent ignorer le champ toujours plus vaste des possibilités du numérique. Tout en évitant de tomber dans l'effet de mode, le Big Data et les algorithmes modernes d'intelligence artificielle ouvrent de nouvelles possibilités de numérisation des tâches et donc des emplois.
Des technologies inconnues potentiellement destructrices
La note cite les métiers de vendeur comme étant peu numérisable, et pourtant les expériences de recommandations personnalisées d'Amazon et consorts battent en brèche cette affirmation. La principale valeur ajoutée du vendeur est d'avoir l'information sur un ensemble de produits pour proposer au client le meilleur selon ses besoins. À l'heure de l'information universellement disponible, quel vendeur humain peut en savoir plus que ce qu'il y a sur Internet ? L'analyse des données et l'aide au choix restent encore l'apanage de l'être humain, mais pour combien de temps ?
Des expériences de journalisme automatique existent déjà et montrent la capacité des algorithmes à extraire de manière pertinente de l’information pour la mettre à disposition du public. Le vendeur tout numérique n'est pas bien loin. D'autres métiers demandant d'autres compétences, rentrant pourtant dans la catégorie de ceux exigeant une réponse immédiate et qui ne consistent pas toujours à appliquer strictement des consignes, risquent de pâtir de la numérisation, qu'ils s'agissent de comptables, de contrôleurs de gestion, de gestionnaires de flux, etc.